Notre visite au HCR

Le 27 janvier 2016, nous nous sommes rendus à Genève dans le cadre du projet MixiSciences. 

Nous avons commencé notre séjour d’études par la visite du HCR qui est l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés composée de 146 membres. Nous avons pu écouter une conférence sur le rôle et l’action du Haut-Commissariat pour les Réfugiés dirigée par Monsieur Luc Brandt qui est un conseiller spécial de l’agence des Nations Unies car il va directement sur le terrain.

Tout d’abord, nous avons cherché tous ensemble une définition de « réfugié » car ce n’est pas forcément clair dans l’esprit de tout le monde ! En effet, les réfugiés sont souvent confondus avec les « déplacés internes ». Un réfugié est une personne ayant quitté son pays et franchi une frontière car elle y est contrainte pour des raisons politiques, économiques, religieuses, mais encore à cause de l’appartenance à un groupe social, à une minorité ou de posséder une certaine nationalité.

Nous avons visionné une vidéo (que vous pouvez retrouver ici : https://www.youtube.com/watch?v=_fdI3-Dnklc) relatant l’histoire du HCR. Nous apprenons alors que le HCR a été créé en décembre 1950 suite à la Seconde Guerre mondiale. En ce temps-là, déjà 1 un million de gens fuyaient leur patrie. En juillet 1951, la convention relative au statut des réfugiés est adoptée et permet de donner une définition du « réfugié ». Les fondateurs pensaient en 1951 que trois ans suffiraient pour venir en aide aux Européens déplacés par la guerre mais malheureusement ce n’est pas le cas. En 1956 a lieu la révolution hongroise et 200 000 personnes fuient le pays ; dans les années 1960 ont lieu les décolonisations africaines qui donnent lieu à des guerres d’indépendance et des guerres civiles. C’est ainsi que des centaines de milliers de gens sont contraints de fuir. Le problème des réfugiés prend alors une dimension mondiale. Alors en 1967 est adopté un nouveau protocole qui étend le problème des réfugiés à l’échelle de la planète : désormais il n’y a plus de dispositions d’ordre géographique et temporel.

Dans la convention originale, seuls les Européens touchés par les événements survenus avant le 1er Janvier 1951 pouvaient demander le statut de réfugié. Les conflits se poursuivent en Amérique Latine et en Asie dans les années 1970 et depuis ces années là, les conflits continuent d’augmenter partout dans le monde et le nombre de réfugiés également. Heureusement, le nombre d’employés au sein du HCR augmente lui aussi ; en 1951 ils n’étaient que 34

employés mais en 2014 ils sont plus de 9 330 employés dans 125 pays ! En reconnaissance de leur dur travail, le HCR a reçu deux prix Nobel de la Paix en 1954 et en 1981. En 1998, un nouveau type de réfugié est créé : les déplacés internes. Ces derniers regroupent ceux qui ont fui leur foyer, mais sans franchir de frontière, à cause de conflits internes ou de catastrophes naturelles. Devant les nouveaux types de conflits, les employés du HCR diversifient leur champ d’action et multiplient leurs interventions sur le terrain à partir des années 1990. Aujourd’hui, nous avons atteint un seuil jamais inégalé de réfugiés qui est de 60 millions en 2014 et partout dans le monde (principalement en Afrique). Le HCR peut s’appuyer sur plus de 900 autres agences et ONG, comme « Médecins sans frontières » par exemple, qui les aident ainsi que sur des dons gouvernementaux ou citoyens.


M. Brandt nous explique ensuite que les réfugiés sont contraints de vivre dans des tentes fournies par le HCR. Cette situation est sensée être provisoire et donc ne permet pas la construction de bâtiments en dur. Néanmoins, pour certains réfugiés cela fait bien longtemps qu’ils sont dans ces tentes : depuis 1948 en Palestine par exemple et leur situation est toujours provisoire. Notre conseiller nous donne quelques situations de réfugiés dans différents pays. Ainsi au Soudan ou au Darfour, il y a des réfugiés à cause de leur ethnie ; au Pakistan il y a 1 million de réfugiés afghans et il prend l’exemple d’un danseur qui est menacé de mort car l’expression du corps est proscrite pour les Talibans.

Nous apprenons que les réfugiés en France ont accès à l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) qui est une autorité auprès de laquelle ils peuvent demander un droit d’asile qui ne peut pas leur être refusé même s’ils n’ont pas de papiers d’après l’article 31 de la convention de 1951. Cependant, ce droit est enfreint dans les aéroports, ce qui pousse les réfugiés à passer par voie de terre ou de mer, avec les catastrophes humanitaires que l’on connaît. Après avoir demandé cet asile, ils doivent remplir des documents et passent des entretiens afin de déterminer pourquoi ils fuient et s’ils peuvent obtenir le statut de réfugié. La décision est prise par un comité ; si elle est positive, la situation du réfugié est régularisée mais dans le cas contraire il a une semaine pour porter un recours dans lequel il argumente sur le fait qu’il demande l’asile en donnant des informations nouvelles sur la situation dans son pays.

Il existe des cas où le résultat négatif du recours est donné 9 ou 10 ans plus tard. Dans ce cas, le réfugié qui est déjà en voie d’intégration reste sur le territoire. Lorsqu’un réfugié est accepté dans son nouveau pays, il a accès aux mêmes droits que les nationaux : droit au travail, au logement et possède une liberté de circulation (qui n’existe pas dans les régimes autoritaires, par exemple en Iran). Il a également accès à la santé et aux soins, à l’éducation (60% des enfants syriens n’étaient pas scolarisés en Syrie). De plus, d’après l’article 33, le réfugié a le droit de retourner dans son pays d’origine sans être refoulé. Si un pays accepte un réfugié, les autorités du pays hôte en deviennent alors responsables et le HCR ne peut pas intervenir sans leur aval.


Luc Brandt fait des missions sur le terrain qui durent généralement entre 6 mois et 2 ans. Il nous raconte alors une de ces missions d’urgence en Tanzanie qui n’a duré que 2 mois sur la demande des autorités du pays qui n’arrivaient pas à gérer l’afflux de réfugiés et à démarrer un camp. Au Burundi existe un conflit entre les Tutsi et les Hutu depuis bien longtemps. Les Hutu affirment que les Tutsi étaient des conquérants étrangers qui les ont opprimés et rejetés depuis des temps immémoriaux. Les Tutsi, au contraire, démontrent que les deux peuples « vivaient en harmonie avant la colonisation jusqu’au jour où le colonialisme européen a créé des divisions artificielles qui ont entraîné la catastrophe finale du génocide » (ex génocide au Rwanda en 1994). D’avril à mai 2014, 100 000 réfugiés arrivent à l’Ouest de la Tanzanie par des convois de bus. Dès leur arrivée, ils sont fouillés et subissent un contrôle sanitaire. Par la suite, ils sont placés dans des abris communs (malheureusement mouillés quand il pleut..) où leur sont servis des repas chauds (composés de farine et de maïs). Cette situation dure quelques jours, le temps que le HCR les enregistre tous et leur attribue des abris individuels (2 familles environ par abri soit entre 5 et 10 personnes).

La nourriture est rationnée au sein du camp suivant le Programme alimentaire mondial (organisme d’aide alimentaire de l’ONU qui soutient le HCR) et chacun reçoit des articles non-alimentaires tels que des tapis de sol, des casseroles, des tasses, des moustiquaires. Mais les employés du HCR ont remarqué que les réfugiés les revendaient pour gagner de l’argent. Il a alors mis en place des pièces de théâtre destinées à les sensibiliser pour apprendre à utiliser leurs affaires. Les réfugiés cuisinent eux même grâce à des foyers en argile que leur met à disposition le HCR. Néanmoins, peu de réfugiés les utilisent car le goût n’est pas le même avec ces foyers qu’avec le feu de bois. Ils sont également confrontés à un problème d’accès à l’eau. La référence standard est de 20 litres par personne et par jour pour les réfugiés (contre 160 à 180 litres par jour en France) mais en Tanzanie elle a dû être diminuée à 10 litres car il n’y en a pas assez pour tout le monde. Cela pose alors un problème pour les sanitaires qui sont des toilettes sèches. Dans le camp, les réfugiés n’ont pas accès à l’électricité mais possèdent deux générateurs et peuvent solliciter le seul médecin de l’hôpital du district. Dans cet hôpital sont envoyés les cas les plus graves.

La maladie principale dont les réfugiés souffrent est la malaria et beaucoup d’enfants en bas âge meurent dans ces

camps. Sur les 9 000 enfants, seuls 20 % des plus âgés vont à l’école car il n’y a pas assez d’écoles construites dans le camp. Les adultes n’ont pas le droit de sortir du camp, même pour travailler alors ils travaillent à l’intérieur de celui-ci pour 30$ par mois. Ce salaire est surtout symbolique (le standard étant de 200$ par mois) et consiste à travailler dans les champs. Au sein du camp règne un problème de sécurité : il faut vérifier qui y entre et pourquoi. La majorité des réfugiés est constituée d’hommes de moins de 30 ans, de femmes et de leurs enfants de 1 à 10 ans. Ils sont nombreux à avoir vécu de très grandes violences : viols de femmes, assassinats génocidaires, etc… Le problème de sécurité vient surtout de représailles de la part de milices pas toujours désarmées qui sèment le trouble dans le camp. Ce dernier ne compte que 33 policiers pour 33 000 réfugiés ce qui n’est qu’un nombre très symbolique !

Au final, certains réfugiés sont rapatriés soit parce qu’ils ne sont plus en danger dans leur pays ou soit parce qu’ils sont capables de récupérer leurs biens et leur foyer. Malheureusement, ce n’est qu’une minorité de réfugiés qui bénéficie du rapatriement. Ceux qui n’en bénéficient pas possèdent deux autres choix : rester dans le pays hôte ou alors se réinstaller autre part. Par exemple, 80 000 à 100 000 réfugiés sont réinstallés aux Etats-Unis, au Canada et en Australie.

Pour conclure, nous aimerions tout d’abord remercier les intervenants qui nous ont très bien éclairés sur les problématiques humanitaires des réfugiés. Nous avons pu acquérir de nombreuses connaissances grâce à cette conférence sur les réfugiés et nous en sommes revenus très contents et satisfaits d’avoir pus écouter Luc Brandt, un conseiller spécial de l’ONU.