7h30. Mercredi 8 novembre 2017. Trente-cinq terminale S frigorifiés et assoupis dans le métro parisien. Où vont-ils ? Que font-ils ? En tant qu’aspirants scientifiques, ils se rendent bien évidemment au colloque « Chimie, Aéronautique et Espace » de la Maison de la Chimie !
9h05. Enfin installés dans la grande salle de conférence. Mr Bigot prend la parole et introduit le 18ème colloque « Chimie et… », qui marque également les 25 ans du premier colloque de la série.
Tout d’abord, Jacques LOUET, ancien responsable des projets de satellites scientifiques à l’Agence Spatiale Européenne, nous explique l’importance de la chimie dans la construction et l’envoi en orbite de satellites. Pour ce faire, il s’appuie sur différents projets auxquels il a pris part, tels que la mission ENVISAT, qui a connu un succès mondial. Ce satellite a par exemple embarqué des interféromètres, qui permettent, par superposition d’images, de percevoir des variations centimétriques de la surface de la Terre, tels les mouvements de l’Etna qui semble respirer.
Ensuite, Denis CHAPUIS, en sa qualité d’ancien vice-président d’Airbus Recherche et Environnement et d’actuel président d’ADAN Consulting, est intervenu afin de nous présenter les enjeux et les difficultés d’une aviation civile plus verte et plus autonome. L’objectif à atteindre d’ici 2050 est de réduire de 75% les émissions de CO2 par passager et par km et de diminuer de 65% les bruits émis par les avions. Ainsi, Airbus cherche à diminuer la consommation de carburants en allégeant les structures des avions grâce aux matériaux composites, et en améliorant l’aérodynamisme des appareils. Ils s’intéressent également aux projets novateurs d’avions électriques ou utilisant des carburants alternatifs. Néanmoins, malgré ces différentes stratégies, l’entreprise doute de remplir les limitations imposées.
Puis, Pierre CRESPI, directeur de l’innovation chez Air Liquide, a présenté la propulsion à hydrogène liquide dans le cadre d’une table ronde. En effet, un réservoir d’1m3 peut contenir 70kg de la forme liquéfiée de l’hydrogène, rendant ce carburant particulièrement intéressant. Ainsi, l’entreprise souhaite développer son utilisation pour tout type de moyen de transport, de la fusée à la voiture.
Par la suite, Vincent AERTS, en tant qu’ingénieur chimiste à Solvay Composite Materials, a évoqué les différentes qualités des matériaux composites ainsi que leurs utilisations dans l’aéronautique. Ces matériaux formés d’une matrice polymérique et d’une fibre de renforcement (carbone ou fibre de verre), sont choisis afin de mieux résister aux impacts, aux hautes températures, à l’érosion, aux compressions et aux tensions. Ils doivent être multifonctionnels, facilement adaptables à différents designs et avoir un bon rapport qualité-prix. Le Directeur du Centre de Compétence Optique Spatiale, Dominique GILLIERON, nous a expliqué le mode de réflexion d’un ingénieur, en l’appliquant à la sélection des matériaux et instruments optiques utilisés dans l’espace. Il a en effet insisté sur l’environnement hostile que représente l’espace, où les structures envoyées peuvent se dégrader rapidement alors que la précision des instruments est essentielle, particulièrement dans l’optique. C’est pourquoi les matériaux choisis doivent résister aux radiations, aux micrométéorites, ou encore à “l’effet barbecue”, issu des différences de température entre la face du satellite exposée au Soleil et celle qui ne l’est pas.
Finalement, la table ronde s’est conclue avec Ane AANESLAND, physicienne norvégienne et PDG de la start-up ThrustMe. Cette start-up développe la micro-propulsion électrique dans le but de minimiser la taille des moteurs des
satellites et ainsi faciliter leur envoi en plus grand nombre dans l’espace.
La table ronde achevée, les spectateurs ont eu l’occasion de poser plusieurs questions aux scientifiques. Par manque de temps, Ymen Benyahia et Loucas Berger sont les seuls à avoir pu profiter de cette occasion, même si d’autres se sont portés volontaires. Dans le contexte du projet Mixisciences, Ymen a notamment interrogé Ane AANESLAND, seule femme scientifique ayant participé à la conférence ce matin là, sur les éventuelles difficultés qu’elle aurait pu rencontrer dans son parcours. Cette question qui résonnait avec l’actualité a suscité des applaudissements dans le public. La scientifique nous a confié ne jamais avoir fait l’objet de discrimination ou de sexisme au cours de sa carrière. En revanche, ses voisins ont insisté sur le nombre trop insuffisant de femmes osant s’engager dans des études d’ingénierie, ce qui a des répercussions sur le pourcentage de femmes au sein de leurs entreprises.
Par ailleurs, Loucas a interrogé sur les risques de perte de contrôle liés à l’envoi de plus de 10.000 satellites dans l’espace d’ici 10 ans. Les scientifiques présents l’ont rassuré en lui apprenant que la majorité des satellites envoyés sont des nanosatellites qui ne sont destinés à rester en orbite que peu de temps, et qu’en France, dès 2020, il sera obligatoire de pouvoir prévoir le devenir des satellites envoyés, une fois leur mission remplie. Enfin, Loucas a questionné les scientifiques sur leurs parcours et les études nécessaires pour travailler à l’Agence Spatiale Européenne. Jacques Louet a aussitôt répondu qu’une bonne formation scientifique, une grande ouverture d’esprit et une capacité à travailler en équipe étaient les principales qualités recherchées. 13h50. Vient le moment tant attendu, le repas organisé dans les salons de la maison de la chimie. Pour certains élèves, aux découvertes scientifiques s’ajoutent des découvertes culinaires… Au menu : volaille accompagnée de panais et autres légumes anciens à la sauce champagne, suivie de tomme de brebis à la confiture de cerises, et, pour finir, une pavlova aux fruits exotiques.
15h45. Bien que le réveil ait été difficile, cette journée s’est avérée riche en découvertes. Elle a su nous rassurer quant à notre avenir, en nous donnant une vision plus concrète du milieu de l’aéronautique, nous prouvant ainsi qu’il n’est pas inaccessible.
Nous souhaitions, pour finir, remercier les organisateurs de ce colloque et ses intervenants pour leur pédagogie et leur professionnalisme, ainsi que nos professeurs, Mme Grave et M. Rouges, pour nous avoir accompagnés et permis de vivre cette expérience.
Si vous souhaitez visualiser vous même cette conférence, ce lien vous permettra d’accéder aux différents enregistrements : https://vimeopro.com/maisondelachimie/chimie-aeronautique-etespace
Armance BORLE, Clémentine DESORMES et Azilis EVEN, Terminale S 007